Historique d’Illarsaz

C’est au printemps 1942, à l’époque du défrichement de la plaine du Rhône, qu’un petit groupe d’amis lutteurs se retrouva un soir autour d’un bon verre de vin, au café des Amis à Illarsaz, chez notre ami regretté Sylvain Burdevet. Parmi ce petit groupe se trouvait S. Burdevet, Ch. Jaggi, J. Rohner (plusieurs fois couronné en Suisse allemande), Pierre Hess (3 fois couronné cantonal: fribourgeoise, zurichoise et fête alpestre du Schweinzberg). Que pouvait être la discussion des lutteurs, privés de lutte depuis la mobilisation de 39, sinon, naturellement, la lutte. De ces discussions amicales ressortait finalement l’idée d’essayer de fonder un petit club de lutte, étant donné la florissante jeunesse existant à ce moment-là à Illarsaz et ses environs (Domaine des Barges, Cultures maraîchères, etc.).
Peu de temps après l’entraînement commença en plein air parmi les moustiques, sous la direction de P. Hess.

Malgré les moyens très sommaires dont nous disposions, très vite un petit groupe d’une dizaine d’adeptes se forma. C’est alors que nous décidons de former un petit comité provisoire ayant S. Burdevet comme président, Ch. Jaggi vice-président, P. Hess caissier et entraîneur.

Nous décidons d’organiser dans l’été une petite kermesse avec différents jeux (jeu de quilles, tir au flobert, etc.). Le bénéfice de cette journée nous permet de construire à Tabac-Rhône, chez P. Hess, un petit local de bois.

Vers le mois de décembre de cette même année 1942, P. Hess et Ch. Jaggi furent délégués à l’assemblée cantonale qui avait lieu au Café Central à Sion, chez l’ami Camille Mayor.

Nous nous présentons donc pour demander l’admission du club à l’association cantonale. Nous sommes très bien reçus par l’assemblée, en particulier par le comité se composant de Paul Cretton, Raymond Darioly, Léon Gard, Louis Ducrot. Ces messieurs nous encouragèrent vivement dans notre projet, Paul Cretton nous soufflant même à l’oreille de revendiquer une fête de lutte pour l’année suivante, ce que nous n’avions même pas espéré. A notre étonnement, la demande fut acceptée. Encore une petite anecdote sur cette assemblée: P. Hess dut faire tout un exposé pour expliquer à l’assemblée où se trouvait Illarsaz, car la plupart des présents n’avaient jamais entendu ce nom. Nous voilà en route pour l’année 1943. Au mois d’avril, ce fut pour le Club déjà la première déception, notre ami Jacob Rohner nous quitta pour prendre une entreprise de transports dans le canton de Soleure. C’est avec regret que nous acceptons son départ, mais c’est avec chagrin que nous apprenons, deux mois plus tard, le décès de Jacob. Cette fois, il nous a quittés définitivement et c’est en accomplissant ses devoirs de patriote, sous les drapeaux, au volant d’un camion militaire, que Jacob se tua au col du Brunig.

Pour nous, la vie continue, Dieu merci. 1943 fut pour le Club comme pour toutes les sociétés, une année difficile vu les fréquentes absences de nos lutteurs au service militaire. Malgré tout nous étions impatients mais aussi un peu sceptiques de voir arriver la date de notre première fête de lutte. On se demandait quel intérêt les populations des villages environnants auraient à ce sport encore mal connu dans la région et, pour que ce soit un succès, nous avons besoin des spectateurs de Collombey, Muraz, Vionnaz, Vouvry et même Aigle. Pour ce qui concerne Illarsaz, nous n’avions plus peur car nous nous sommes rendu compte, lors de la préparation de la fête, que la petite population d’Illarsaz était enthousiasmée et tout le monde, grands et petits, jeunes et vieux, étaient prêts à nous donner un coup de main. Poutres, perches, bâches enfin, tout le matériel nécessaire et beaucoup de bonne volonté ne nous furent pas refusés. Dans la maison du village, nous remercions tous ces braves gens.

Revenons à notre fête: elle se déroula par un temps magnifique, une quarantaine de lutteurs étaient présents. Nous étions un peu étonnés mais de bonne humeur de voir arriver les spectateurs de toutes parts. Tout l’après-midi, le public assista à de superbes passes, aussi tout le monde était satisfait, et nous les premiers. Cinq de nos lutteurs participèrent à cette première. Les résultats furent plus que bon puisque le solide douanier de Torgon, Henri Rouiller, remporta la fête devant Gaspard Guntern, de Sierre. Charles Jaggi, après une longue marche le dimanche matin, du Moléson à Bulle, pour prendre le train et rejoindre notre fête, se paya le luxe de se classer 4e, 11e Hans Hug, 21e Werner Frutig, 32e René Bertholet. Cette première fête de lutte à Illarsaz fut donc une réussite sur toute la ligne et au soir de cette fête, nous étions tous heureux et contents.

Au mois d’août de la même année, le Club participe à la fête de Montana-Crans avec 12 lutteurs. Les résultats furent aussi satisfaisants; vu la jeunesse de nos garçons, nous ne pouvions pas espérer de meilleurs résultats. Pour notre première année d’activité, l’ensemble n’était pas mal du tout.

Le fanion existe depuis 1967, l’année où l’on fêtait le 25e anniversaire.
Parrain: Gilbert Delseth – Marraine: Lolette Hess.